Mantes Innovaparc
En réponse à l’appel à idée "Mantes Innovaparc" lancé par l’EPAMSA, l’équipe propose un projet de quartier d’activité productif, mixte et évolutif.
La proposition se veut en rupture avec le parc d’activités traditionnel en misant sur le développement de filières agricoles (permaculture, aquaponie) favorisant les circuits courts et les synergies entre acteurs locaux.
À terme, le quartier produira environ 140t de tomates, 290t de poissons et 100t de fruits et légumes frais, BIO, à même de nourrir une population d’environ 25 000 personnes à l’année.
Une tradition agricole au cœur du territoire
Le bassin du Mantois, composé à 80 % d’espaces naturels, s’inscrit dans une longue tradition agricole. La question alimentaire s’est donc naturellement imposée comme une spécificité du projet.
Historiquement, la vallée de la Seine était le lieu d’une production maraîchère et arboricole florissante, destinée à approvisionner Paris et la cour de Versailles jusqu’au XVIIIe siècle. Cette agriculture traditionnelle a peu à peu cédé la place aux grandes cultures céréalières, sous l’effet combiné de la restructuration foncière, de la PAC et de la concentration des circuits de distribution.
Aujourd’hui, les cultures céréalières représentent 95 % des surfaces agricoles. Les terres des maraîchers ou arboriculteurs non repris sont rachetées par des exploitants céréaliers, accentuant le recul du maraîchage qui ne représente plus que 5 % de la SAU.
Une ruralité encore dominante
Le territoire des Yvelines reste composé à 80 % d’espaces agricoles et forestiers (43 % agricoles, 37 % boisés), contre seulement 20 % de surface urbanisée. La ruralité demeure donc l’identité première du paysage.
Cependant, l’agriculture locale souffre d’un déséquilibre structurel : l’élevage y est marginal (principalement volailles, ovins et veaux de boucherie), et toujours en complément d’une activité céréalière.
Vers un renouveau du maraîchage
Face à cette situation, la Chambre d’Agriculture identifie la reconversion partielle des grandes cultures comme un levier de redynamisation du maraîchage en Île-de-France.
La relocalisation des circuits de distribution est un enjeu stratégique : 92 % des maraîchers et arboriculteurs commercialisent déjà une partie de leur production en circuits courts (CACG, 2011). Ce choix leur permet :
-de diversifier leurs débouchés,
-de s’affranchir partiellement de Rungis,
-de s’inscrire dans les orientations européennes en matière d’agriculture durable,
-de répondre aux attentes de consommation : produits locaux, biologiques, frais, de qualité.
L’objectif est clair : passer d’un modèle tourné vers l’export et à faible valeur ajoutée à une production locale, mieux rémunérée, plus résiliente.
Le projet Innovaparc : agriculture productive et ancrage territorial
Situé à Buchelay, en bordure de l’A13 et à proximité de la future gare Eole (horizon 2024), le projet Innovaparc s’inscrit pleinement dans cette mutation. Il vise à :
-produire localement fruits, légumes et poissons pour 25 000 personnes par an,
-créer des emplois locaux,
-alimenter la restauration collective via une transformation sur site,
-dynamiser les marchés locaux,
-fédérer les agriculteurs autour d’un projet structurant,
-proposer des formations aux nouvelles technologies agricoles.
Ce projet est le fruit d’une étude initiée par l’EPAMSA, avec l’objectif d’ancrer l’agriculture dans les circuits courts et les dynamiques économiques locales. Il s’agit d’un projet économique, social et politique : il redonne aux élus locaux les moyens d’agir face aux logiques de dérégulation portées par les centrales d’achat.
Un quartier d’activités réinventé
Le passage de la notion de parc d’activités à celle de quartier d’activités appelle une transformation des usages, des espaces publics et de la qualité architecturale.
L’ambition est triple :
-réduire l’impact de l’automobile,
-favoriser la mixité d’usage et la présence de la nature,
-proposer une architecture industrielle de qualité, en rupture avec les « boîtes noires » traditionnelles.
Une architecture productive et lisible
Nous avons tiré parti des toitures inactives des bâtiments d’activités pour y superposer des serres productives. Ces serres permettent :
-une production agricole hors sol (fruits, légumes),
-un signal fort côté autoroute,
-une ouverture agréable côté parc paysager (jardins, permaculture).
La composition architecturale repose sur des volumes transparents, lumineux et productifs, en opposition aux standards opaques des parcs d’activités. L’ensemble offre une identité visuelle inédite à ce quartier d’activités tourné vers l’avenir.
Infos projet
Maîtrise d’ouvrage :
EPAMSA
Lieu :
Buchelay (78)
Équipe de conception :
Groupe Pichet (promoteur)
ilimelgo (architecte)
Badia Berger (architecte)
Merci Raymond (Agronome et Exploitant Maraicher)
Veolia (Exploitant Maraicher et Pisciculteur)
EDF (Spécialiste solution énergie)
Mission :
Maîtrise d'oeuvre complète
Surface :
40 000 m²
Coût des travaux :
N.C.
Phase/date :
Concours lauréat 2019,
Etudes en cours