Un site en transition

Le site, situé à la croisée de l’avenue de Rochester et de la rue Ropartz, s’ouvre sur un grand jardin ; il offre l’opportunité de penser la transition entre l’avenue et le paysage. Le projet s’appuie sur cette situation d’interface pour ménager un contact généreux entre le bâti et le sol. Le rez-dechaussée, largement ajouré, accueille les traversées, les halls et les locaux partagés ; il fait respirer la ville. L’habitat s’élève ensuite en deux ensembles orientés nord-sud, dont les masses alternent selon les niveaux : un socle à R+3/4 formant la base urbaine, surmonté de tours à R+10 qui émergent audessus de la canopée. Entre ces deux régimes — l’horizontalité du socle et la
verticalité des émergences — s’installe une continuité douce, où les strates du projet se répondent.

Chaque façade est pensée comme une écriture située. Côté rue, la façade s’affirme, rigoureuse et sobre, marquant la limite de la ville par un béton clair aux modénatures fines ; côté jardin, elle se relâche, multiplie les percements et les loggias, prolonge les intérieurs par des espaces intermédiaires. Cette gradation d’attitudes traduit la diversité des usages : habiter la rue, habiter les arbres, habiter le lointain.

Strates, traverses et retraits

Les logements s’organisent autour de ce principe de traversée : traverser la lumière, traverser le vent. Les typologies favorisent la double orientation, la ventilation naturelle et les cadrages sur le paysage. À chaque étage, le logement s’ouvre sur un balcon, une terrasse ou une loggia, définissant une extension habitée du seuil. À rez-de-chaussée, les logements bénéficient de
jardins privatifs protégés par des haies basses ; dans les étages, les loggias se disposent comme des retraits dans la masse, tamisant la lumière et ménageant l’intimité.

L’écriture constructive se fonde sur une logique stratifiée : un socle en béton bas carbone, dense et poreux, qui ancre le bâtiment dans le sol ; des niveaux intermédiaires en structure béton légère, où la façade devient écran thermique ; des émergences plus aériennes, associant structure mixte et remplissages à ossature bois. Cette gradation constructive épouse les conditions d’exposition : la robustesse en bas, la légèreté en haut.

Sobriété paysagère

Les matériaux sont choisis pour leur justesse contextuelle : enduits fins teinte argile, bardages bois verticaux dans les alcôves, béton cannelé sur les parties pleines. Le bâtiment se lit ainsi comme une coupe habitée : la matière y exprime la profondeur du lieu plutôt que la signature.

Le paysage, conçu avec Taktyk, complète cette composition verticale par une horizontalité apaisée. Jardins privatifs, jardins partagés et zones d’agrément s’entrelacent dans une continuité végétale où les arbres existants sont préservés. Les cheminements piétons se glissent entre les masses, ouvrant des vues et des respirations jusqu’à la promenade Odette de Puigaudeau. Le sol devient le premier support du projet : perméable, habité, propice au dialogue entre les habitants et le vivant.

Enfin, cette architecture cherche moins à s’imposer qu’à s’accorder : avec la lumière de Rennes, avec les arbres du parc, avec les usages du quotidien. Elle traduit une volonté de sobriété — non pas l’économie du geste, mais la justesse d’un équilibre entre confort, compacité et mesure.

Habiter Maurepas, c’est ici retrouver le plaisir d’un logement traversant, d’une ouverture sur le ciel, d’une proximité avec la terre. Une manière douce et mesurée d’habiter la hauteur.