Salle de spectacle Le Pavillon
Ancien pavillon de la Pologne pour l’exposition universelle de 1935, le Palais des Fêtes de Romainville, aujourd’hui renommé Le Pavillon, incarne une mémoire vivante au cœur de la ville. Le projet architectural vient révéler cette présence historique tout en l’inscrivant dans un nouvel horizon : en s’ouvrant largement sur l’avenue Paul Vaillant-Couturier, il établit un lien visuel et symbolique avec le paysage de la Corniche des Forts, ancien site de carrières de gypse. À l’intérieur, Le Pavillon accueille une salle événementielle, une salle modulable de 180 places, un foyer tiers-lieu et une Maison de la philosophie dédiée au jeune public.
Une histoire à réactiver
Né du pavillon polonais de l’Exposition universelle de 1937, le Palais des Fêtes de Romainville porte en lui l’idée fondatrice d’un dialogue entre art et technique, entre beauté et utilité. En 1938, le maire Pierre Kerautret fait acquérir la structure métallique du pavillon en cours de démontage pour la réinstaller à Romainville, dans le but d’en faire un gymnase.
Ce bâtiment devient alors le premier édifice public à marquer l’avenue Paul Vaillant-Couturier. Deux ailes sont ajoutées, et la façade est habillée dans un style art déco, fidèle aux canons de l’époque. La charpente métallique, toujours en place aujourd’hui, constitue un témoignage précieux de cette histoire.
Révéler ce qui était caché
Au fil du temps, les transformations successives du bâtiment ont affaibli son rapport à la ville. Les volumes d’origine, conçus pour affirmer une certaine solennité, se sont vus masqués, fragmentés, déconnectés de leur contexte urbain.
Pour rétablir ce lien, nous avons mené un travail de recomposition de la façade, pensée comme interface active entre les différents milieux : le foyer, la rue, le jardin, le hall, la Maison de la Philosophie. Les jeux de transparence et d’opacité, adaptés à chaque usage, permettent de mettre en scène les éléments du programme tout en clarifiant les accès.
Des portails articulés prolongent cette stratégie d’ouverture sur le jardin, en animant les seuils et en invitant à la traversée.
Recomposer et relier
Une fois passée la façade, le visiteur entre indifféremment par le foyer, distribuant les deux salles, ou par le hall, orienté vers la Maison de la Philosophie et le jardin.
La charpente d’origine, restaurée et rendue visible, abrite désormais l’ensemble du programme sous un seul toit. Elle devient l’élément fédérateur d’un projet recomposé, rebaptisé « Le Pavillon », en hommage au Pavillon de la Pologne d’origine.
Les nouveaux volumes dialoguent étroitement avec leur environnement. L’espace se traverse, se plie, s’ouvre, offrant des vues multiples sur la ville et le jardin. La déambulation y devient expérience.
Les deux salles de spectacle et les nouvelles façades sont composées de pans de métal découpés, pliés selon un motif inspiré des nervures végétales. Ces surfaces métalliques, parfois ajourées, jouent un rôle de filtre solaire et recomposent un paysage en mouvement, une enveloppe à la fois fonctionnelle et symbolique, où l’architecture retrouve sa force expressive première.
Une réinvention dans le respect de l’héritage
En conjuguant patrimoine et création contemporaine, usages actuels et mémoire collective, Le Pavillon affirme sa nouvelle identité tout en prolongeant l’histoire singulière du lieu. Le projet redonne lisibilité à une architecture oubliée, tout en l’ouvrant généreusement sur son environnement.
Plus qu’un simple équipement, Le Pavillon devient un lieu de partage, de traversée et de culture, capable d’accueillir les publics, de s’adapter aux usages, et d’inscrire son récit dans le paysage vivant de Romainville.
Infos projet
Maîtrise d’ouvrage :
Ville de Romainville
Lieu :
Romainville (93)
Équipe de conception :
Miralles Tagliabue EMBT (architecte mandataire)
ilimelgo (architecte associé)
EPDC (BET TCE)
AVLS (acousticien)
Tourny (scénographe)
Land'Act (paysagiste)
Mission :
Maîtrise d'oeuvre complète
Surface :
2 600 m²
Coût des travaux :
7,8 M€ HT
Phase/date :
Livré en septembre 2019