70 logements - Square Morbihan

Dans la continuité de l'aménagement du square de Morbihan, la ville de Vannes lance un appel à projet pour la démolition de la barre d'habitation, avenue du Maréchal Juin de France et la construction de 70 logements libres en lien avec une ferme urbaine.

Notre proposition programmatique, architecturale et paysagère reflète les intentions et les ambitions de notre équipe au regard des enjeux et des attentes exprimées. Nous sommes convaincus qu’un projet réussi doit être pertinent, efficient, fédérateur et fortement porté par l’ensemble des parties prenantes : Municipalité, Collectivités, Aménageurs, Bailleurs, Habitants, Architectes, Promoteur…

Les enjeux urbains
La forme urbaine est insolite et recèle de nombreuses qualités ; la présence de ce « déjà-la » qui constitue la mémoire du lieu, le contexte, et la figure de cet îlot « ouvert », inscrit dans un triangle équilatéral quasi parfait, contribue à tisser du lien dans un quartier dont le coeur paysager abritera la future ferme urbaine. Le parti urbain est fort et sans équivoque.

Ouvert sur la ville, le Square Morbihan se déploie au dehors, se réinvente et invite à une toute nouvelle participation habitante en lien avec la vocation pédagogique et ludique de la ferme.
De même, la mise en scène urbaine est savamment équilibrée ; les strates paysagères et bâties sont scénarisées de telle manière que l’épannelage urbain s’ajuste aux gabarits alentours, pondérant les altimétries de sorte que la « ligne du ciel » se déploie continûment, sans heurts, depuis le haut de la rue de Surville, vers la ferme urbaine, par plans séquences.

La ferme urbaine est au centre de ce dispositif qui n’est pas sans rappeler la composition d’une oasis urbaine.

Enfin, le principe de verticalisation et de failles, ainsi que les jeux de toiture proposés, participent de l’écriture contemporaine d’une ville composée par fragments, mais reliés les uns aux autres, par analogie sans doute avec la constitution de la ville traditionnelle,
vernaculaire et organique.

Une urbanité champêtre
Notre proposition s’inspire de l’urbanité et s’attache à en prolonger les fondements au sein d’une scène urbaine composée à la façon d’un petit village champêtre mais ouvert sur le voisinage.

Pour faire quartier, nous avons souhaité orchestrer cette scène au moyen de petites unités habitées, articulées les unes avec les autres par des jeux de retraits, de biais, composant finement avec l’environnement, le proche et le lointain, en ouvrant des vues sur la ville, le paysage et l’océan au-delà.

Le tissage avec l’existant et le voisinage est particulièrement prégnant ; l’effet de rotule est assumé, de même que l’ordonnancement du bâti. Au nord comme au sud, c’est par une rotation affirmée des éléments bâtis que les « rotules » jouent pleinement leur rôle de pivot, en ouvrant les vues vers le coeur d’ilot paysager pour inviter les promeneurs et les riverains à s’approprier les lieux.

Ainsi, à l’inverse d’une perception linéaire et lisse héritée de la première Modernité, les façades offrent des vues biaises, des désalignements et des glissements, elles se plissent et se déplissent par endroits pour présenter un nouveau visage plus amène et souriant sur le quartier.

Cette diversité de formes et d’agencements invite à habiter, et traverser, cette épaisseur construite pour donner sur le parc et la « rue-jardin » qui tire parti de la topographie pour irriguer l’ensemble de l’ilot et accueillir divers usages disséminés dans le paysage (abri-vélos, bacs à compost, abris de jardin collectifs, nichoirs, paysage comestible, etc.).

Le long de la « rue-jardin », les plis du terrain, essentiellement en pleine-terre, organisent des cheminements doux, accessibles aux personnes à mobilité réduite, et ponctuellement des escaliers qui donnent sur les entrées individualisées des logements, et en son milieu sur une placette en léger belvédère.

Au sein de cette « rue-jardin », desservant les habitations et apportant fraîcheur et calme, cette petite place figure une « micro-centralité » ; une respiration agréable et bienvenue mettant à disposition des habitants un lieu de convivialité où il fait bon se rassembler, jouer, se reposer et échanger.

Les dispositifs architecturaux
En écho aux principes urbains énoncés plus haut, les dispositions architecturales tendent à former un paysage construit aéré, réinventant les codes de la construction vernaculaire, dans l’intention de produire des architectures ancrées dans le sol, identitaires, mais néanmoins singulières et résolument contemporaines.

Le dessin des façades se comprend au premier regard; l’alternance de façades pleines et de façades ajourées en retrait donne du rythme, par le jeu de l’ombre et de la lumière, tandis que le choix de l’élancement et des proportions verticales dessine une ligne de ciel dansante et aérienne.

Ce rapport de la terre au ciel est augmenté par le traitement du socle de parking qui grâce à de simples différences de niveaux organise les séquences d’entrée et les interfaces entre le public et le privé, comme par exemple, la mise à distance salutaire des rez-dechaussée avec la rue de Surville en léger dévers ou encore la desserte des logements par l’intermédiaire de la « rue-jardin ».

En surplomb sur la « rue-jardin », le linéaire de coursives est volontairement réduit, et séquencé,
d’abord pour éviter une perception de grandes galeries « hors-échelle », mais aussi pour en faire des manières de « balcons » ouverts sur le paysage mais suffisamment intimes et appropriables par les habitants.

Au coeur de ce quartier à la tournure champêtre, la palette des matières employées renvoie à un esprit agricole et bucolique ; le traitement des limites paysagères emprunte au vocabulaire rural (terre crue, gabions de réemploi, ganivelles), tandis que les façades se parent d’une vêture bois et d’enduits à base de chaux et de fibres naturelles.
De même, les garde-corps des logements sont constitués de lames de bois suffisamment resserrées pour préserver l’intimité des habitants et reconduire le traitement paysager de l’ilot.
Enfin les toitures forment de larges débords pour abriter de la pluie et du vent ou sont traitées par endroit en pergolas à la faveur des expositions.

Au-delà du choix de telles matières naturelles et biosourcées, qui participe sans doute à l’atmosphère chaleureuse et pastorale des lieux, la lumière naturelle, comme matière « immatérielle », est au centre de notre proposition au même titre que notre approche bioclimatique.

À ce titre, la distribution des logements collectifs en coursive, permet d’organiser des transitions douces du public à l‘intime (celliers extérieurs, filtre visuel, …) et d’ouvrir en façade sur des loggias ou jardins d’hiver, mais aussi de disposer d’appartements traversants favorables à une bonne ventilation naturelle et à des vues généreuses par lesquelles le paysage et la lumière naturelle peuvent largement diffuser.

Une intelligence constructive
Nous privilégierons le recours à une construction mixte bois-béton intégrant une isolation biosourcée (fibre de bois, chanvre, …) avec finition de façade en bois, enduits chaux-chanvre et parements de terre cuite. Le recours à la terre crue (non structurelle) de réemploi sera également envisagée par touches (ponctuellement en rez-de-chaussée des logements en bande et murets).

Les principes de composition mis en oeuvre se doivent d’être rationnels ; compacité, superposition des volumes bâtis (exempts de décrochés ou porte-à-faux), trame constructive réplicable, etc.

Enfin, dans un souci d’économie de matière, et si cela s’avère réalisable après sondage, nous chercherons à tirer profit des fondations du bâtiment de logement existant pour fonder au moins en partie les futurs logements collectifs.

En savoir plus

Infos projet

Maîtrise d’ouvrage :
Giboire
Lieu :
Vannes (56)
Équipe de conception :
ilimelgo (architecte urbaniste)
QSB (BE structure bois)
Tribu (BE environnement)
Espace Libre (paysagiste)
Racine Carrée (économiste)
Fibois, fillière bois Bretagne (partenaire de la construction bois)
Les cols verts (partenaire sur le développement de la biodiversité)
Cycle UP (AMO réemploi)
Phase/date :
Candidature 2023